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Africaines – African women-

Editeur : MAMA éditions

Date de parution: 2009

Nombre de pages: 82

Langue : Arabe - Français - Anglais

 

 

 

 

 


Parmi toutes les expositions qui se tiennent à la faveur de deuxième Festival Culturel Panafricain d’Alger, et sans aucunement amoindrir ou nier les autres, celle-ci est, à bien des égards, porteuse de significations particulières. Son titre seul vaut son poids d’évocations, de réminiscences et de symboles : « Africaines ». Ce féminin pluriel conjugué sur le mode continental vient nous rappeler la contribution à la fois éminente et vitale des femmes africaines à leurs cultures locales et nationales. Une contribution qui s ‘est déclinée au long des siècles selon un triptyque parfaitement organisé sans lequel l’Afrique n’existerait sans doute plus, hormis dans ses configurations naturelles : mémoire, transmission et reproduction.

Mémoire, celle de nos aïeules qui conservèrent les héritages éthiques et esthétiques des communautés africaines en veillant les prémunir des chocs terribles de l’esclavage, de la colonisation, du sous-développement et de toutes les formes de déculturation qui leur sont liées. Transmission, celle de l’apprentissage des langues, justement appelées maternelles, des enchantements mystérieux des contes, de la pertinence des proverbes, de l’élégance du verbe poétique, de la vibration des chants et du langage des formes et des couleurs. Reproduction, celle qui consistait à réaliser les différentes déclinaisons de l’héritage culturel, dans des gestes répétitifs, mais empreints d’une merveilleuse authenticité dont les musée et collectionneurs du monde s’arrachent le résultat, encore qu’ils n’en retiennent souvent que la matérialité, sans en percevoir la véritable source.

Aujourd’hui, l’Afrique peut se prévaloir de présence de plus en plus affirmée de femmes artistes qui, sur les différents chemins des arts anciens ou actuels, ont transformé le triptyque ancestral en quadrilatère en y ajoutant un quatrième sommet : celui de la création. En cela, elles rompent avec l’usage millénaire de leurs aïeules, prises dans les nasses d’une condition qui les maintenaient dans une fonction exclusive de reproduction, à la fois naturelle et culturelle. Elles affirment haut et fort leur droit humain à l’individualité et à l’expression, non pas seulement de leurs émotions- ce que la société leur concédait volontiers depuis longtemps- mais également de leurs visions du monde proche et lointain.

Cet accroissement géométrique à laquelle elles se sont livrées ne réfute pas pourtant le triangle culturel ancien car, à l’instar des femmes du monde traditionnel africain, elles en reprennent les trois dimensions. Elles travaillent sur la mémoire qui est souvent la matière première de leur élans créateurs, la fouillant, la retournant, l’interrogeant et, du même coup, la maintenant. Elles sont passionnées de transmission, ce qui est le propre de tout artiste qui désire avant tout communiquer la substance de son regard et de ses pensées aux autres. Elles ne sont pas étrangères à la reproduction, bien qu’elles la conçoivent avec les instruments nouveaux de la technique, voire de la technologie, comme les démarches contemporaines les y invitent.

Elles ne traitent pas l’univers culturel comme leurs aïeules mais, partout dans leurs œuvres, transparaît l’héritage qu’elles ont reçu. Le triangle culturel ancien est donc toujours présent en elles, à la différence qu’elles y ont ajouté un quatrième point qui, à lui seul, apporte une nouvelle perspective et les fait franchir en quelque sorte les limites de la géométrie plane pour aborder la quatrième dimension, celle du temps. Car si auparavant, leurs mères et grand mères en étaient prisonnières, elles en ont fait pour leur part un allié en tant que vecteur primordial du changement.

Aussi, cette exposition qui doit bien sûr s’apprécier avant tout dans la contemplation et l’interrogation des œuvres diverse qui la composent, prend les allures d’une allégorie, même involontaire, de la femme africaine qui demeure la gardienne des valeurs tout en s’affirmant comme porteuse d’évolution. Cette équation qui peut paraître paradoxale et irrésoluble trouve pourtant sa solution dans la nature des valeurs qu’elles entendent garder et qui privilégient l’harmonie, l’égalité et le respect de la chaque personne humaine, quelque soit son sexe, son âge ou sa condition.

A l’avant-garde des démarches d’art contemporain, ces «  Africaines » nous apprennent par la pertinence de leurs créations qu’il est possible d’être authentique en étant résolument moderne. C’est un message que le continent se doit d’entendre même si, par humilité, ses auteures se gardent de le proclamer au nom d’une subtilité qui est le propre de l’art et d’une pudeur qui est celle de l’Afrique.
 


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